Parcours de recherche
Ma double formation d’historien du Moyen Âge et d’analyste en sources numériques m’a poussé depuis 2007 à tisser des liens entre ces disciplines, notamment en matière de diplomatique médiévale et de textes théologiques. Mon postulat était que les corpus numérisés permettent aux historiens de mieux comprendre la dynamique socio-culturelle médiévale, car ils rendent possible l’interrogation croisée d’un grand nombre de sources. En analysant ces ensembles documentaires, textuels mais aussi parfois archéologiques et iconographiques, on montre que les traces léguées par la société médiévale conservent une forte cohérence à l’échelle européenne, en dépit des destructions significatives à l’échelle locale. Cette approche par la statistique et la fouille de données (Text Mining, lemmatisation) me conduit à développer des compétences érudites (édition de textes, paléographie, codicologie – en particulier dans l’édition de textes diplomatiques bourguignons), afin de résoudre des problèmes de critique documentaire liés à l’utilisation des bases numériques. C’est donc dans la pluridisciplinarité que je choisis d’œuvrer, en développant des recherches requérant une technicité dans différents domaines, entre histoire comparée, philologie et intelligence artificielle. Dès ma thèse, je décide aussi de me consacrer à la sémantique historique, indispensable à l’étude et à la compréhension des conditions socio-économiques de l’ancienne Europe. Soutenue en 2014, cette recherche est conçue comme un bilan quantitatif des études diplomatiques, d’une part à travers la réalisation d’une cartographie des chartes à l’échelle européenne (comparée à celle des édifices « romans »), d’autre part via la réalisation d’une base de données réunissant 225 000 actes dans un corpus unifié, intitulé Cartae Europae Medii Aevi (CEMA).
Collaborations, projets et enseignement
Cette double formation m’a permis d’intégrer au fil des années quatre projets ANR (ESPCHAR, OMNIA, CHARCIS, POCRAM), un PCR (consacré à l’abbaye de Moutiers-Saint-Jean, 21), le projet CBMA (Corpus Burgundiae Medi Aevii), celui des Dictionnaires topographiques de la France (CTHS, École des chartes, Archives nationales), ainsi que le projet européen COST WORCK (Worlds of Related Coercions in WorK), tout en devenant membre du membre du Conseil d’administration du Centre d’études médiévales d’Auxerre.
Mon activité pédagogique s’est initialement concentrée au sein de l’Université de Bourgogne, d’abord en tant qu’allocataire moniteur (2010-2014), puis comme chargé de cours (2014-2015). Parallèlement à mon activité de recherche, j’ai ainsi pu enseigner au sein de l’UFR d’Histoire, histoire de l’art et archéologie, en cours magistraux et travaux dirigés, tout en participant aux responsabilités collectives. En 2016, j’ai obtenu la qualification en Section 21 du CNU. Cette activité s’est diversifiée au cours des dernières années. Entre 2014 et 2019, j’ai en effet donné différentes formations ou séminaires, en France et à l’étranger (à deux occasions en Suisse, mais aussi en Allemagne et en Espagne), au cours desquelles j’ai formé des groupes de chercheurs, du Master au Postdcotorat, à l’usage des bases de données textuelles, à la cartographie numérique et à la sémantique historique du Moyen Âge
Recherches actuelles
Après ma thèse, ces compétences ont été importées à d’autres champs de recherche, lors de trois postdoctorats successifs, en France (2015, à l’Université de Paris-Est Créteil, au sein de l’ANR POCRAM), puis en Allemagne (2015-2019, à la Johann Wolfgang Goethe-Universität de Francfort, au sein du SFB 1095) et en Belgique (2019, à l’Université de Namur, au sein du Prame). Je me suis alors intéressé à différents thèmes, toujours dans une perspective européenne : l’environnement, l’espace, la parenté, le labeur, les monnaies, l’écrit et le souvenir, le temps, le lexique réformateur, les techniques de stockage, etc. Ces recherches ont pour point commun d’être consacrées simultanément à l’étude des représentations, des usages et de l’évolution socio-économique du Moyen Âge européen. Elles sont aussi l’occasion d’ouvrir une réflexion épistémologique sur les cadres intellectuels de l’histoire médiévale, sur l’articulation des méthodes érudites et des analyses numériques, dans une perspective empruntant à la fois à l’histoire, à la sociologie et à l’anthropologie économique (enquêtes sur les concepts et l’historiographie). En décembre 2019, j’intègre l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et le LaMOP en tant qu’Ingénieur de recherche.