Sandrine Petit

Je suis ingénieure de recherche à INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) depuis 2006, en géographie sociale de l’environnement et de l’élevage. Je conduis mes travaux au sein du Laboratoire de recherche CESAER (Centre d’économie et de sociologie appliquées à l’agriculture et aux espaces ruraux – UMR 1041) à Dijon (France). Depuis ma thèse, je m’interroge sur les relations entre les agriculteurs et l’environnement en portant une attention particulière aux représentations, aux pratiques et aux savoirs des éleveurs. J’ai étudié les relations entre les éleveurs (système de vaches allaitantes) et la préservation de la qualité de l’eau en Saône-et-Loire. J’ai poursuivi l’enquête en considérant les savoirs que les éleveurs développent pour « faire avec » les animaux dans le cadre de troupeaux de plus en plus grands. C’est aussi sur le territoire de l’Appellation d’origine protégée (AOP) Comté que les changements dans les élevages m'interpellent dans la manière dont ils modifient le métier d’éleveur mais aussi enrichissent ou mettent en tension le cahier des charges de l’AOP. Le coup d’oeil de l’éleveur, savoir corporel et intellectuel, individuel et collectif, constitué sur la base de relations à l’animal et d’observations coexiste-t-il ou est-il menacé par l’élevage de précision et les capteurs qui accumulent des données de manière continue ? Par ailleurs, les préoccupations sociétales autour de bien-être animal et les injonctions normatives affectent le coeur et l’intime du métier alors que les attachements des éleveurs à leurs animaux restent mal connus. L’étude des pratiques d’élevage de veaux sous nourrice ou avec leur mère a montré la diversité de ces relations et la place des émotions dans le quotidien du travail. J’ai abordé les questions d’environnement dans une perspective de changement climatique. Rapprocher savoirs locaux et savoirs globaux semble une piste pour se réapproprier l’action au niveau local et agir sans attendre. Aujourd’hui, j’aborde l’impact du changement climatique sur le travail des éleveurs et sur la génèse de nouvelles situations de négociations d’usages et de pratiques dans un contexte de forte vulnérabilité des systèmes d’élevage et des éleveurs.