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Leszek Brogowski

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Présentation

Né en 1955, Leszek Brogowski est professeur des universités en théorie et philosophie de l’art contemporain à l’université Rennes 2. De 2015 à 2019, il est vice-président en charge de la Recherche de cette université [⟨hal-03214406⟩](https://hal.univ-rennes2.fr/hal-03214406) (à ce titre, il est, depuis 2019, rédacteur en chef de la revue [*Palimpseste*](https://www.univ-rennes2.fr/recherche/palimpseste)*. Sciences, Humanités, Société,* dont il a été initiateur). Depuis 2019, il est vice-président Culture, Université, Société, et porteur du projet Univer·Cité, Service universitaire à la collectivité. En 1995, il a été co-fondateur des éditions słowo / obraz terytoria (Gdańsk, Pologne), puis, à Rennes, fondateur des Éditions Incertain Sens (2002) et du Cabinet du livre d’artiste (2006). Depuis sa nomination à l’université Rennes 2 en 1997 (aujourd’hui membre de l’unité de recherche PTAC : Pratiques et théories de l’art contemporain), il a progressivement initié les recherches sur les publications d’artistes : phénomène artistique récent (identifié en tant que tel depuis le début des années 1960). Depuis cette époque, des artistes, d’ailleurs simultanément dans plusieurs pays du monde, ont commencé à utiliser la forme du livre ordinaire comme support à part entière de l’œuvre d’art, livre matériellement modeste, produit par les technologies (semi-)industrielles, au tirage limité par les seules considérations pratiques. Ces activités de recherche ont pris des formes multiples, et ont été pour la plupart réalisées en collaboration avec Aurélie Noury, ingénieur d’étude à l’université Rennes 2, coordinatrice du Cabinet du livre d’artiste depuis sa création : • deux colloques internationaux et une dizaine de journées d’études, • plusieurs publications collectives, un ouvrage personnel, • cinq thèses soutenues et quatre en cours sur les publications d'artistes, • accueil des post-docs : Isabel Baraona, Portugal, 2013, Maria Prada, Espagne, 2015-2016, Celia Vega Pérez, Espagne, Charlene Cabral (Porto Alegre), 2018, Amir Brito Cador (Belo Horizonte), 2018, et des étudiant·e·s en master, • nombreux stages d'étudiants français et internationaux, • un professeur invité : Paulo Silveira, 2016, 2018, • un séminaire interuniversitaire avec Paris I (jusqu'en 2011) et de nombreuses collaborations internationales (Brésil, Espagne, Belgique, Allemagne, Pologne...), • valorisation de la recherche et son articulation aux pratiques artistiques : Éditions Incertain Sens (plus de soixante-quinze publications d’artistes réalisées), dont une dizaine en collaboration avec le FRAC Bretagne • mise en place du Cabinet du livre d’artiste, installé aujourd’hui sur le campus Villejean de l’université Rennes 2 (bibliothèque, dispositif de lecture, lieu d'expositions) ; le modèle du Cabinet du livre d’artiste a été reproduit à l’École d’art et de design à Caldas da Rainha, Portugal (Isabelle Baraona), et à l’Université fédéral de Minas Gerais (UFMG), à Belo Horizonte, Brésil (Amir Britó Cador), • obtention du label CollEx (Collection d'excellence pour la recherche) en 2018, • site internet comportant, entre autres, une base de données et un catalogue du fonds, • plus de 50 numéros de *Sans niveau ni mètre. Journal du Cabinet du livre d'artiste,* • travaux réalisés avec artistes (interviews, conférences, participation aux séminaires, journées d’études et colloques, etc.), • enseignement sur les livres d'artistes articulé à la recherche (L3, M1, M2), • nombreuses conférences en France et à l’étranger, • lancement en 2014 d’une collection éditoriale, « Collection grise. Recherche sur les publications d’artistes », unique sur le plan international, consacrée aux études scientifiques sur les publications d'artistes (6 titres à la fin 2018), • Codirection avec Aurélie Noury du n° 37, Spring 2015, de *Journal of Artists' Books,* (publié par Columbia College Chicago) : « Art / Books / Publishing / Research / Library / Network », consacré aux Éditions Incertain Sens et le Cabinet du livre d'artiste, 64 p. • Codirection avec Aurélie Noury et Marie Boivent du dossier sur le CLA dans *Réalités de la recherche collective en Arts*, Université Bordeaux Montaigne, 2019, • une cinquantaine de publications scientifiques personnelles sur les livres d'artistes. Principaux résultats scientifiques : • constitution d’un fonds (4.000 documents) et d’une base de données correspondante (site Éditions Incertain Sens et fonds du Cabinet du livre d’artiste) ; • analyses croisées des pratiques éditoriales propres aux publications d’artistes et de celles qu’a connu l’histoire de l’imprimé en général, visant à démontrer l’ancrage des choix de valeurs dans la culture du livre, et par conséquent le sens de la déterritorialisation de l’art vers les pratiques du livre [⟨hal-03242018⟩](https://hal.univ-rennes2.fr/hal-03242018) ; • mise en évidence du projet de l’art implicite dans la pratique du livre d’artiste [⟨hal-01690549⟩](https://hal.univ-rennes2.fr/hal-01690549) ; • analyse comparative du dispositif de l’exposition en galerie d’art et du dispositif d’exposition dans le livre d’artiste, débouchant sur des propositions aussi bien épistémologiques (correctifs du vocabulaire et des concepts) que pratiques (nouveaux types de présentation de l’art) [⟨hal-01471156⟩](https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01471156) ; • premier bilan d’une multiplicité de champs de recherche sur les usages de l’imprimé dans l’art récent, portant, par exemple, sur les « cartons d’artistes » [⟨hal-01781177⟩](https://hal.univ-rennes2.fr/hal-01781177), sur les livres d’artistes qui deviennent catalogues des « choses du monde » [⟨hal-01728129⟩](https://hal.univ-rennes2.fr/hal-01728129), sur les inserts réalisés par les artistes dans la presse quotidienne [⟨hal-01692138⟩](https://hal.univ-rennes2.fr/hal-01692138) (avec M. Boivent), sur la photocopie comme support des œuvres [⟨hal-01690997⟩](https://hal.univ-rennes2.fr/hal-01690997), sur les manifestes artistiques comme forme imprimée [⟨hal-01690990⟩](https://hal.univ-rennes2.fr/hal-01690990), sur les tracts comme support artistique [⟨hal-01690980⟩](https://hal.univ-rennes2.fr/hal-01690980), sur les papiers à en-tête réalisés par les artistes [⟨hal-01690946⟩](https://hal.univ-rennes2.fr/hal-01690946), sur les revues à page unique [⟨hal-01690899⟩](https://hal.univ-rennes2.fr/hal-01690899) ou encore sur la pratique des monochromes dans l’espace du livre ⟨hal-03242007⟩, sans parler de bilans analogues, mais pas toujours pionniers, portant sur les œuvres d’artistes exposées au Cabinet du livre d’artiste. Dans l’ensemble des travaux de Leszek Brogowski, l’essai « Déchirer la fiction. Le livre d'artiste pour apprendre à lire la photographie » [⟨halshs-00624537⟩](https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00624537) constitue un moyen terme entre ses premières études consacrées aux pratiques de la photographie, les publications d’artistes et les portraits composites de Francis Galton, qui ont finalement débouché sur une nouvelle approche de la philosophie de Ludwig Wittgenstein (chantier en cours sous l’intitulé : *Wittgenstein. Une philosophie de l’image contre le fanatisme esthétique (face aux portraits composites de Francis Galton*). En effet, suite à la publication en 2003 de l’étude « De l’idéal (dé)tourné en Witz. La photographie composite de Francis Galton et ses résonances » ⟨hal-01692588⟩, ainsi qu’aux plusieurs séminaires et conférences qui l'ont suivie, un nouveau champ de recherche a été défini où il s’agissait essentiellement d’examiner les enjeux, encore largement ignorés, de l’« acte de naissance » dans les travaux de Francis Galton de l’eugénisme (terme qu’il invente en 1883) : ce savant amateur cherchait la justification de celui-ci dans un rapport paradoxal à l’image et à l’idéal de beauté. Ces recherches constituent donc une exploration de l’inconscient collectif qui enveloppe le projet eugéniste, et notamment la contamination de sa théorie par le jugement esthétique. La photographie composite, mise en place par Galton comme instrument de la catégorisation eugéniste des individus (« voleurs sans violence », « criminels », « juifs » ou « la population saine », etc.), consiste en la superposition de plusieurs portraits, et elle est censée produire la « moyenne visuelle », c’est-à-dire un type, mais en réalité un stéréotype. Sans que Galton en soit conscient, c’est le même procédé qui est à l’œuvre dans la réalisation de l’idéal de beauté. Diverses problématiques entre ici en jeu : Quelle est la part esthétique dans la naissance et dans la construction théorique de l’eugénisme, et, par voie de conséquence, dans le racisme comme théorie scientifique ? [⟨hal-01690463⟩](https://hal.univ-rennes2.fr/hal-01690463) Dans quelle mesure les traditions artistiques, notamment celle de la beauté (qui théorise la production visuelle de la moyenne) et celle du portrait (qui vise la connaissance du for intérieur de l’individu) ont préparé le terrain à l’eugénisme ? Qu’ont fait les artistes avec la photographie composite et pourquoi presque aucun usage artistique n’en a été faite pendant un siècle qui a suivi son invention ? [⟨hal-01688311⟩](https://hal.univ-rennes2.fr/hal-01688311) Comment ces mêmes interrogations, indissociablement artistiques, scientifiques et politiques, se retrouvent aujourd’hui dans les pratiques artistiques nouvelles (*morphing* : [⟨hal-01687274⟩](https://hal.univ-rennes2.fr/hal-01687274)) ou dans les pratiques sociales (jugement au faciès, greffe du visage, biotechnologies, industrie de la beauté, etc.) ? La découverte d’une fascination que Ludwig Wittgenstein vouait pour la photographie composite de Francis Galton, puis sa critique radicale de la démarche de celui-ci, ont permis d’entamer les recherche pour comprendre l’impact de cette expérience sur les inventions philosophiques de Wittgenstein. La thèse de doctorat, soutenue en 1995 à l’université Paris IV – Panthéon-Sorbonne, sous la direction Jean-François Marquet (jury : Jean Greisch, Bertrand Saint-Sernin et Heinz Wismann) : *Conscience et Sens. Les fondements philosophiques de la théorie de l'interprétation chez Wilhelm Dilthey* [⟨halshs-01348447⟩](https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01348447), s’est avérée déterminante pour l’ensemble des recherches de Leszek Brogowski le confrontant à l’épistémologie de l’interprétation [⟨hal-02137295⟩](https://hal.univ-rennes2.fr/hal-02137295) et à la première théorisation des sciences humaines et sociales (*Gesteswissenschaften* dans le vocabulaire de l’époque). Son parcours l’ayant conduit des [pratiques artistiques](https://perso.univ-rennes2.fr/leszek.brogowski#ancre_autres) (1975-1985) à la philosophie et à la recherche, cette orientation méthodologique des études doctorales l’ont amené dans un premier temps à la publication de nombre d’études sur la peinture abstraite, défi s’il en est pour la pratique de l’interprétation, entre autres un essai sur Władysław Strzemiński [⟨hal-01519213⟩](https://hal.univ-rennes2.fr/hal-01519213) et sur Ad Reinhardt [⟨hal-01320528⟩](https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01320528), figures les plus radicales de l’abstraction picturale, ainsi qu’à la direction de plusieurs volumes collectifs, dont notamment le dossier « (in)actualité de la peinture » dans *Nouvelle Revue d'esthétique*, n° 7/2011 (avec Christophe Viart) [⟨halshs-00627179⟩](https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00627179) et *“Ce que vous voyez est ce que vous voyez”. Tautologie et littéralité dans l'art contemporain*, Presses Universitaires de Rennes, 2009 [⟨halshs-00634079⟩](https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00634079). L’art contemporain est toujours au cœur des recherches menées par Leszek Brogowski depuis 1990. Les publications d’artistes s’inscrivent bien sûr dans cette orientation de ses travaux, et l’intérêt particulier de ces pratiques consiste, entre autres, à renouer avec les pratiques populaires de l’imprimé ordinaire, et elles expriment l’intention de renouer les liens entre l’art et la vie quotidienne, notamment en faisant porter aux livres (comme support) le nouveau projet de l’art. Ces travaux croisent les interrogations sur le télescopage du discours artistique et du discours politique de la révolution : la révolution est-elle devenue le modèle de l’art contemporain ou l’art contemporain est-il devenu le nom de la révolution ? Celle-ci a-t-elle produit, à travers de multiples pratiques populaires qui pullulent depuis la Révolution française (caricature, affiches, tracts et petite presse, théâtre populaire, photographie ouvrière, chanson populaire, cabarets littéraire et l'académie du dérisoire, etc.) une nouvelle conception et une nouvelle pratique de l'art, pour l'étude desquelles l'histoire de l'art n'a pas encore su construire des outils adéquats ? La formule, plusieurs fois réaffirmée par Paul Gauguin : « en art on est révolutionnaire ou plagiaire », invite à approfondir ces questions. L’artiste contemporain est-il révolutionnaire en art ou révolutionnaire tout court ? Plusieurs publications consacrées à ces objets ([⟨halshs-00627053⟩](https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00627053), [⟨halshs-00624787⟩](https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00624787), [⟨hal-01534381⟩](https://hal.univ-rennes2.fr/hal-01534381), [⟨hal-01525434⟩](https://hal.univ-rennes2.fr/hal-01525434)) constituent un *work in progress*, impliquant notamment la constitution des archives documentaires, et de nombreux travaux à venir.

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