Au sortir de l'ENS de Fontenay, en septembre 1987, a commencé une carrière d'enseignant chercheur menée entre Reims et Paris. Inscrit en thèse sous la direction de Bernard Guenée, alors professeur à l'Université de Paris I, je suis entré dans l'Université avec le statut aujourd'hui disparu d'Ancien Normalien Doctorant (AND) et c'est l'Université de Reims Champagne-Ardenne qui m'a accueilli dans ces fonctions temporaires (d'une durée de 2 ans portée à 3) très lourdes (192 h / an) et peu conciliables en réalité avec la confection d'une thèse mais très formatrices. Revenu dans le secondaire pour y effectuer mon stage d'agrégation, j'ai regagné dès
l'année suivante (1991) l'Université de Reims en qualité de Prag recruté par le département d'histoire, avec des tâches d'enseignement encore plus lourdes (384 h / an) incluant la préparation aux concours, mais une consolidation de la connaissance des rouages universitaire et des étudiants a résulté de cette phase fort intense.
La thèse a été soutenue en 1994 et partiellement publiée chez Droz en 1996 (Un historien au travail à la fin du XVe siècle: Robert Gaguin, 2e prix Gobert). Elle a suscité une série de communications à des colloques et d'articles présentant ce qui n'avait pu être contenu dans l'ouvrage précité ou élargissant les perspectives de la recherche initiale. L'obtention du doctorat a permis la même année une candidature fructueuse au poste de Maître de Conférences venu à être vacant à Reims. Dans le département d'histoire, j'ai développé des activités d'enseignement, de recherche et d'administration. L'enseignement dispensé de la première année du Deug au DEA en passant par les concours, sur tous les aspects et toutes les périodes du Moyen Âge occidental et islamique, a dû se répartir entre Reims et l'antenne universitaire de Troyes créée en 1991. La libéralité des professeurs exerçant à Reims a permis aussi la direction scientifique de plusieurs maîtrises.
L'investissement administratif a consisté en une participation aux conseils d'UFR et scientifique. Il a consisté aussi en la co-direction du département d'histoire durant deux années (1996-1998).
En matière de recherche, la perspective d'une HDR s'est dessinée, en prolongement d'une maîtrise qui portait sur le crime de poison au Moyen Âge. Grâce à une délégation de deux années au CNRS (2001-2003), le travail a pu être mené à bien. Obtenue en 2003 sous la garantie de Claude Gauvard, professeur à l'Université de Paris I, avec un dossier intitulé « L’histoire, le pouvoir et le crime dans la société occidentale du Moyen Age au début des temps modernes et comprenant le mémoire inédit : « Crimen occultum. Recherches sur le crime de poison dans l’Occident médiéval », cette HDR a engendré une publication parue aux PUF en 2003 (Le crime de poison au Moyen Age). Elle a surtout eu une vertu formatrice : la confrontation à des sources extrêmement variées et susceptibles de fournir ensuite matière à directions de recherches.
Le cursus honorum s'est poursuivi à Reims où un poste de professeur a été occupé en 2003, sitôt l'HDR obtenue. De ces trois années professorales rémoises, je retiendrai la lourdeur des tâches d'encadrement et d'administration de la recherche, le poids des réformes (introduction du système LMD), celui des enseignements magistraux de concours et le sentiment global d'une difficulté à poursuivre une activité de recherche aussi intense et continue qu'aux temps antérieurs. La participation renouvelée au conseil d'UFR, la co-direction, à partir de 2004, de l'EA 2616 (Cerhic) ont enrichi l'expérience administrative. Le décanat se profilait lorsqu'une sollicitation inattendue vint bousculer un destin tout tracé.
A la suite du départ en retraite de Colette Beaune, professeur à l'Université alors appelée Paris X Nanterre (juin 2005), les médiévistes nanterrois en quête d'un successeur se sont tournés vers moi. Elu en mai 2006, j'ai intégré ma nouvelle université à la rentrée de cette année-là. En charge des enseignements revenant à un professeur, du premier cycle au doctorat, sous la forme de cours classiques d'amphithéâtre et d'enseignements numériques à distance, j'ai pris aussi des responsabilités diverses, déjà connues (co-direction, 2007, puis direction, 2013, de l'EA 1587 jusqu’en 2019 ; conseil d'UFR de 2012 à 2018, CFVU de 2012 à 2016). À quoi se sont ajoutées coordination Erasmus (2008-2015), direction d'une collection d'ouvrages historiques aux Presses universitaires de Paris Ouest, présidence du CCD 21e section de Nanterre (2015-2019) puis direction de l’UFR SSA depuis avril 2019.
Les traits significatifs se dégageant de ce parcours brièvement résumé sont une longue expérience de l’enseignement et un goût à la fois pour le dispenser et le penser collectivement (maquettes de formation, séminaires communs de laboratoire etc.) ; une bonne connaissance du fonctionnement de l’institution universitaire, à deux échelles différentes ; un dévouement aux tâches collectives ; un engagement associatif soutenu et prenant (présidence de la Régionale de Champagne Ardenne de l’APHG de 2005à 2015, présidence nationale depuis janvier 2017) ; un engagement dans les instances d’évaluation nationales (CNU, 2017-2019) ou locales (commission d’attribution de la PEDR à l’EPHE, 2014-2016) ; la participation aux manifestations de vulgarisation comme les Rendez-vous de l’Histoire de Blois avec siège au conseil scientifique. La raréfaction du temps complètement dévolu à la recherche, hormis les deux années de détachement au CNRS, et un CRCT d’un semestre en 2017 n’a pas trop entravé une activité et une production scientifiques toujours soutenues, à titre individuel et collectif, mais elle a indéniablement inhibé ou remis à plus tard des projets d’ampleur internationale (IUF, ANR, ERC…).